Symbolique Art Roman

Symbolique de l'art roman sur les routes de Compostelle

L’art roman est la première grande manifestation artistique commune à l'occident européen tout entier. Il surgit dès la fin du premier millénaire, à l'époque de la désintégration de l'empire carolingien et suite à l'émergence des nations européennes. Il se propage très rapidement dans toute l'Europe médiévale sous l'influence des conquêtes des ordres religieux et des pèlerinages.


Alors on commença à reconstruire les églises. Il semblait que chaque communauté chrétienne cherchait à surpasser les autres par la splendeur de ses constructions. C’était comme si le monde entier se libérait, rejetant le poids du passé et se revêtait maintenant d’un blanc manteau d’églises. Les moines de Cluny qui dirigeaient tous ces travaux répétaient sans cesse aux maîtres d’oeuvres et tailleurs de pierre que les colonnes doivent être encore plus belles que les colonnes antiques que l’on pouvait admirer lors des voyages en Terre Sainte.


Les corinthiens ne donnaient à leur chapiteaux qu’un beau décor de feuillages nous nous voulons en faire des symboles vivants pour qu’ils parlent mieux qu’un livre pour dire les choses simples à ceux qui ne savent pas lire. Il ne s’agissait pas de faire des statues mais des églises sculptées.

Chapiteaux au dessus des colonnes tympans au dessus des portails encorbellement au chevet de l’église devaient respecter la hiérarchie spirituelle des êtres et des choses. Au centre de tout, le Christ créateur il doit être immense dans sa mandorle et autour de lui laissez décroître les personnages chacun selon son rôle spirituel depuis les apôtres, jusqu’aux petits anges.

Vous dessinez un monde où chaque pierre chaque créature, chaque homme doit avoir sa place ou chacun doit trouver son utilité pour restituer sa vraie beauté. Ne cherchez pas à copier servilement l’apparence des choses ce sont des symboles vivants que vous sculptez donnez leur des yeux grands ouverts émerveillés. Ils ne doivent pas regarder les choses ils doivent témoigner qu’ils contemplent des mystères : les mystères profonds de la vie et de la mort. Ils doivent rappeler sans cesse à nos frères les hommes que l’essentiel est invisible pour les yeux.

Si Dieu a trouvé que sa création était bonne, n’ayons pas peur de l’aimer, nous aussi. Il n’y a pas de frontière entre le profane et le sacré entre le matériel et le spirituel. Si le Christ est venu en ce monde, alors, c’est que tout en ce monde est devenu sacré.


L’on peut donner libre court à notre fantaisie, nous pouvons placer librement dans notre église sculptée toutes les beautés de la création, les plus humbles de nos travaux quotidiens nos animaux familiers et même tous nos rêves, nos craintes, nos fantasmes et toutes nos petites espérances humaines et nos peines tout a sa place dans la maison de Dieu.

De la Chute primordiale à la rédemption et glorification, l'imagier roman nous transmets un enseignement millénaire qui de nos jours est de plus en plus d'actualité. C’est l'essentiel de l’authentique doctrine chrétienne, celle du christianisme traditionnel, que nous révèlent toutes les sculptures romanes. Mais, mille ans d'oubli ont passé et nous ne savons plus retrouver la simple, mais profonde signification des choses. 


La sculpture romane s’épanouit dans une iconographie mêlant mystique et onirisme, pédagogie et imaginaire. Mais l'imagier roman ne poursuit qu’un seul but: apporter au fidèle, au chrétien, le message dont il a besoin pour mieux comprendre sa spiritualité et pour mieux la vivre. Et s'il se produit une oeuvre que l'homme cultivé du 21° siècle qualifiera d'oeuvre d'art , ce sera tant mieux, mais ce n'était pas le but escompté, et pourtant si fréquemment obtenu.


Gilbert Buecher

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