L'Avent

Des ténèbres vers la Lumières

Les curiosités du calendrier de l’Avent

Le samedi 2 décembre, les membres du Choeur de Chambre de la paroisse se sont réunis pour confectionner les couronnes de l’Avent. Celles-ci furent bénies puis vendues à l’issue de la Grand’messe dominicale du 3 décembre, 1er dimanche de l’Avent. Mais que signifie cette période de l’Avent ?


Issu du mot latin adventus qui désigne « l'arrivée », la naissance du Christ, l'Avent correspond à la période de quatre semaines précédant le 25 décembre mais pouvant débuter, en certaines régions d'Allemagne, avec la Saint-Martin (11 novembre). Dans les campagnes de l'ancienne Europe, cette période, marquée par la progression de la durée nocturne, donc des ténèbres, était perçue comme inquiétante dans la mesure où les âmes des damnés accompagnaient ces chevauchées imaginaires de démons et de sorcières.


Ceux-ci, nés de ces jours sombres de novembre, qui voyaient les morts se rappeler au souvenir des vivants.

Le soleil se lève de plus en plus tard, la nuit tombe de plus en plus tôt.

Les jours raccourcissent, il fait de plus en plus froid.L’on a oublié que cette descente dans les ténèbres était programmée depuis le solstice d’été (21 juin).

Plus rassurante, est la tradition de la couronne d'Avent, faite de branches de sapin tressées et ornée de quatre bougies qui symbolisent les quatre saisons de l'année. Elle est née assez tardivement dans les régions du nord de l'Allemagne avant de se répandre dans toute l’Europe, puis aux États-Unis.

Des noms divers désignent la grande fête célébrée au coeur de l'hiver.

Le calendrier de l'Avent est riche en célébrations significatives. Divers saints importants sont honorés à ce moment. Outre Saint-Martin le 11 novembre, il faut évoquer Sainte-Catherine le 25, Saint-Éloi le 1er décembre, Sainte-Barbe (Barbara) le 4, Saint-Nicolas le 6, l’Immaculée Conception le 8, Sainte-Lucie le 13, Sainte Odile (patronne de l’Alsace) le 14. Tous ces saints ont un point commun : leur rapport à la Lumière qu’ils annoncent successivement dans le calendrier de l’Avent.

La Saint-Martin marquait l'entrée dans la période froide de l'année ; évêque de Tours et patron des Gaules, le saint était associé à l'oie, animal sacré depuis la plus haute Antiquité que l'on mangeait rituellement en cette période de l'année où sa fête était l'occasion de joyeuses ripailles.

Protecteur des chevaux et patron des orfèvres (reflets de Lumière), le « bon saint Éloi » jouit longtemps d'un immense prestige dans l'imaginaire populaire. 

Martyrisée au moyen d'une roue demeurée son emblème, symbole des cycles de l’année, sainte Catherine avait la réputation de déposer, le jour de sa fête, des cadeaux destinés aux enfants.

Sainte Barbe, célébrée le 4 décembre, jouait un rôle dans le cycle de la végétation. Elle évoque les grains de blé que l'on mettait à germer le 4 décembre, jour de sa fête, tradition également présente en de nombreuses autres régions d'Europe, notamment en Allemagne et en Alsace. Sainte Barbe à cause de la foudre (lumière), fut prise très tôt, comme patronne par les arquebusiers plus tard des artilleurs, des artificiers, des mineurs (ténèbres) et des carriers. Son intercession protégeait de la mort subite. Les artilleurs contemporains, de même que les artificiers, les sapeurs et les pompiers du Génie, n'ont fait que s'inscrire dans cette tradition.


Sainte Barbe est souvent associée à saint Nicolas, fêté deux jours plus tard, quand celui-ci distribue des cadeaux aux enfants. Selon la légende Saint Nicolas procède à une résurrection en soulevant le couvercle du saloir pareil au couvercle d’un cercueil, rendant ainsi à la vie les enfants qui s’y trouvaient. Saint Nicolas qui redonne la lumière est toujours accompagné de son acolyte Père Fouettard, Hans Trapp ou Knecht Ruprecht, tout de noir vêtu, donc, symbole des ténèbres.

Le 8 décembre est célébrée l’Immaculée Conception. Dans cette descente immuable dans les ténèbres du mois de décembre l’on évoque la vierge Marie conçue et née sans péché. Elle annonce la Lumière de Jésus qui vient en notre monde.

Martyrisée à Syracuse sous Dioclétien, sainte Lucie, dont le nom seul évoque évidemment la Lumière, est particulièrement honorée en Europe du Nord, à la faveur des très longues nuits d'hiver : le 13 décembre, les jeunes filles vêtues d'une longue chemise de nuit blanche et coiffées d'une couronne ornée de plusieurs bougies allumées font le tour du foyer et offrent des gâteaux aux membres de leur famille.

Puis le lendemain, le 14 décembre, c’est au tour de Sainte Odile, la patronne de l’Alsace. Elle est née dans la deuxième moitié du VII siècle (vers 660) dans la famille du duc d'Alsace Etichon-Adalric. Elle est née aveugle, ce qui a fait d'elle une enfant rejetée. Voulant sauver sa fille de la mort à laquelle son père la condamnait, la duchesse a ordonné de la cacher au monastère de Baume les Dames en Franche Comté. Dix ans plus tard, l'évêque Erhard de Ratisbonne a vu en rêve un ange lui ordonnant de baptiser la fille et de lui donner le nom d'Odile, ce qui signifie "lumière de Dieu". Lors du baptême Odile a retrouvé la vue. Le baptême rend la lumière visible, cette Vraie Lumière qui est celle qui éclaire tout homme venant en ce monde. (Jn. 1,9).


Depuis plus de quinze siècles, les chrétiens fêtent Noël le 25 décembre. Si les célébrations se déroulent à cette date, seulement quelques jours après le solstice d'hiver, ça n'est pas un hasard. Le solstice d’hiver (21 décembre) met fin à la progression de la durée nocturne. Puis pendant les trois jours suivants les durées nocturnes et diurnes ne subissent plus de modification, le statut quo, l’immobilité dans l’attente. C’est seulement à partir du 25 décembre que la durée diurne augmentent à nouveau d’une minute par jour.

Pour ceci, les chrétiens ont coutume de fêter la naissance de Jésus à cette date. Cette fête ne fut instituée le 25 décembre qu'en l'an 354 de notre ère par le pape Liberius. C’est la fête de la nativité, du latin natalis, (origine de l'italien natale). Car, l’on écarte aujourd'hui l'étymologie, jugée simpliste, qui fait de Noël le neo Hélios, le « nouveau Soleil ». Natalis devenu nael en vieux-francique et, plus tard, « Noël » en français. Les « messes du Christ » dites par les évangélisateurs de l'Angleterre au cours du mois de décembre sont devenues le Chritsmas des Anglais, alors que le terme le plus courant en allemand est celui de Weihnacht, la « Nuit sainte ».

Quelles que soient ses diverses dénominations, la fête qui intervient dans les derniers jours de décembre combine les antiques croyances liées à la nuit hivernale à l'espoir de renouveau dont sera porteur le nouveau soleil, une lumière que les peuples, au fil des générations, assimileront à l'Enfant-Dieu né dans la superbe pauvreté de la grotte ou de l'étable de Bethléem.


GB

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